Lac de l’Eychauda (Ecrins)

Deux heures de route plus tard, nous voici sept randonneurs à partir du Monêtier-les-Bains pour traverser le vallon du Grand Tabuc et arriver au Col des Grangettes. La première partie de l’ascension s’est déroulée sur un sentier qui s’est progressivement accentué, menant à une section technique équipée d’un câble où il a été nécessaire de s’aider des mains pour la progression. Cette portion a nécessité une attention particulière en raison du terrain abrupt et rocheux, ainsi que des chutes de pierres provenant d’un groupe en amont, qui a d’ailleurs été rattrapé avant le col.
L’arrivée au col a offert une vue dégagée sur le paysage environnant. En contrebas, la vue sur le lac de l’Eychauda, d’une couleur vert-émeraude, était magnifique. Ce lac, situé à 2514 m d’altitude, est typiquement un lac de surcreusement glaciaire, barré par un verrou rocheux. Lové magnifiquement dans son cirque, il ne dégèle que quelques mois par an et est apparu au cours du retrait glaciaire (comme les lacs des Rouies, du glacier d’Arsinedes Quirlies). Il a une profondeur d’une vingtaine de mètres et n’a pas de sortie visible en surface. Ses eaux s’évacuent en profondeur et ressortent au pied du verrou glaciaire dans le vallon de Chambran, 500 m plus bas. On a aussi pu apercevoir le glacier du Monêtier (nommé Séguret-Foran) et d’autres sommets alpins. On se rappelle aussi que nous ne sommes pas loin du Pelvoux, des Agneaux et de la Barre des Ecrins, sommets emblématiques du coin. Evidemment, un grand moment de « shooting » photo pour toutes les personnes au col…
Il faut noter que ce lac est si inspirant que de nombreux peintres l’ont mis en scène, et en particulier le peintre dauphinois Laurent Guétal. L’histoire dit qu’au cours de l’été 1880, il a attendu plusieurs heures que le brouillard autour du lac se lève avant d’exécuter une petite étude à l’huile. Mais c’est quelques années plus tard, en 1886, qu’il décida de peindre ce grand tableau désormais exposé au musée de Grenoble. Spectaculaire de voir la précision des couleurs et des détails, d’autant plus qu’il l’a fait en seulement quelques semaines et à partir de son étude effectuée des années auparavant ! Le résultat donne vraiment l’impression d’être face à une photographie. A voir absolument.
Il est temps de se bouger et décision est prise de descendre au bord du lac pour une pause de midi bien mérité, profitant du cadre et de faire les lézards sur les rochers chauffés. Impossible de faire mieux !
Mais toutes les bonnes choses ont une fin et bien qu’annoncée et donc supposée anticipé par tous, il nous a fallu sortir de ce moment de bonheur pour effectuer laborieusement la remontée au Col des Grangettes. Concentration et prudence ont été requises pour effectuer sa redescente avant de rejoindre le Pas de l’Âne sur le versant opposé, un sentier superbement tracé à flanc de montagne.
Le trajet s’est poursuivi en passant par le Jardin des Pierres nous exposant une grande variété de formations rocheuses, ce qui a offert aux participants une illustration du complexe parcours géologique de la région. Pour la suite du chemin, et dans le but d’éviter le GR54, un sentier de découverte a été emprunté en surplomb. Ce dernier a permis d’accéder à un point de vue panoramique, offrant une perspective sur le village de Monêtier-les-bains et sur les crêtes des Cerces et du Chardonnet.
Au-delà de ce panorama, la fin de l’itinéraire a été marquée par une pente plus raide, parfaite (!) pour perdre rapidement de l’altitude. La jonction avec le GR54 a été effectuée, menant le groupe à croiser la chapelle du Charvet avant d’atteindre tranquillement les voitures et de conclure l’excursion avant de rejoindre le centre de Monêtier-les-bains pour aller partager le verre de l’amitié. En fait, certaines (= toutes) ont même opté pour de délicieuses glaces et de la chantilly maison, confirmant que la « trattoria » découverte fut un excellent choix pour nous régaler.
Christian