Charmant Som (Chartreuse)

Chamechine – Sangle de Malamille

Vous savez, on a tout essayé. On a brandi le drapeau rouge de la difficulté, insisté lourdement sur la dénivelée corsée et les nombreux kilomètres à parcourir et même effectué une tentative de déstabilisation en prenant très explicitement une corde au départ… mais rien n’y fait ! Malgré tous nos efforts pour décourager les troupes, ils persistent à venir ! Franchement, comment voulez-vous qu’on s’en sorte avec une telle détermination ? C’est donc avec cette bande de joyeux inconscients incroyablement motivés que nous nous sommes lancés dans une randonnée qui s’annonçait déjà physique et technique.
Dès le départ, la marche d’approche a commencé de manière plutôt agréable, avec une montée en sous-bois le long de l’arête de Bérard, bien protégée du soleil. Un petit plaisir avant la tempête. L’arrivée au collet (soit 750D+ et +2h) nous permis de faire une pause bien méritée pour nous restaurer. C’était aussi le moment idéal pour bien montrer à chacun où nous allions ensuite, car une fois engagés, il aurait été difficile de faire machine arrière.
La suite a révélé son caractère plus exigeant que prévu. L’accès au début du couloir s’est fait hors sentier, dans un terrain souvent en dévers, avec des pentes herbeuses qui nous ont donné du fil à retordre. Nous y avons laissé une bonne dose de notre énergie dans cette avancée difficile, un avant-goût corsé de ce qui nous attendait.
Le point culminant de l’ascension fut un couloir relativement raide. Souvent un mélange d’herbe, de terre (heureusement terrain bien sec) et de quelques cailloux, chacun a progressé (quelque fois reculé) mètre après mètre non seulement avec son physique mais aussi au mental. On a sué, on a soufflé, on a même peut-être prononcé quelques mots doux (ou pas), mais le plus important, c’est que nous n’avons déploré aucune perte en cours de route ! La solidarité et la prudence ont été nos meilleurs alliés dans ce passage.
Face à ces conditions et à l’effort fourni, nous avons pris la décision pour la première fois de retirer certaines options initialement prévues (eh oui, c’est possible) et d’activer un « shunt » pour la descente. Une sorte d’option négative (!) qui nous a offert une descente alternative, certes différente de l’itinéraire originel, mais tout aussi spectaculaire. Le Pont St Bruno marqua la fin d’une très belle journée en montagne, riche en enseignements et en souvenirs.
Au final, cette randonnée a été une expérience mémorable. Comme à l’habitude, toutes les personnes présentes au départ se sont retrouvées autour d’une bonne boisson pour célébrer et c’est bien le plus important (!). Nous sommes rentrés avec le sentiment d’avoir relevé un beau défi technique et physique, et surtout, avec la satisfaction d’avoir partagé une « certaine » aventure.
Christian B.