16 au 18 septembre 2020
Jour 1 : mercredi 16 septembre 2020 => le hameau perdu de Méollion.
Après un départ à 8h00 de St Laurent du Pont, la caravane de voitures (8 au total) arrive à CHAMPOLEON sur le parking de l’auberge des Écrins peu avant 11H00. Sur place nous retrouvons Robert et Martine arrivés la veille. Seule Martine se joindra au groupe pour la randonnée du jour : le hameau perdu de Méollion. Tout d’abord un petit peu d’histoire car il n’est pas de randonnée sans un peu de repères historiques, géographiques ou autres anecdotes locales.
Le village de Méollion perché à 1275 m,construit sur un petit plateau entouré de montagnes, avec ses 17 bâtisses, fût jusqu’en 1906 le plus important hameau de la vallée. Il comptait alors près de 30 familles, une école, un four et un moulin. Un prêtre officiait à la chapelle de ND des neiges dont la cloche serait de nos jours à Gap. La première guerre mondiale ainsi que la rigueur des hivers, avec leurs avalanches destructrices, ont eu raison de la ténacité des habitants qui commencèrent à déserter les lieux. Cependant, jusqu’en 1933, ils continueront à y vivre l’été pour y faire le fromage qu’ils descendaient l’hiver dans la vallée pour l’affinage. Lors de la 2ème guerre mondiale, les nazis, pour déloger les maquisards réfugiés dans le village, mirent le feu aux maisons pour ne laisser que des ruines encore visibles à ce jour. Actuellement, seules deux maisons restent habitables pour accueillir en période d’estive un couple de bergers.
Voilà le décor planté ! Les 27 marcheurs entament depuis le parking de l’auberge des Écrins la longue montée vers le hameau de Méollion. Très vite le groupe emprunte un sentier taillé à flanc de montagne, aménagé de murets et de pavés, qu’empruntaient les villageois pour rejoindre le hameau. On parlait alors « de Pouas » pour les passages plus ou moins pentus entre les lauzes (Pouer veut dire monter en patois) .
Chacun à son rythme atteint un petit canyon avec en son fond un torrent au débit léger en cette fin d’été, ce sera le dernier obstacle avant de rejoindre le hameau. Une tyrolienne y est installée pour permettre, à l’usage exclusif des bergers, de faire traverser leurs matériaux et matériels.
Enfin le hameau se présente à nous. Seul, un chat nous y accueille. Visite des lieux sans pénétrer dans les ruines à cause du risque d’éboulement. Nous traversons le lieu pour nous rendre un peu plus loin et faire la pause du midi en bordure du torrent, le Méollion.
La pause terminée, le groupe entame le chemin de retour en empruntant dans sa première partie, le même parcours que lors de la montée. Au point Haut des Poas nous continuons en direction de Pied des Champets. Au croisement du Pied des Champets nous empruntons la direction du Haut des Poas délaissant ainsi le sentier du matin afin de terminer la randonnée par une boucle. De jolis paysages se présentent à nous, monts et pics ensoleillés. Les amateurs de belles photos font chauffer les objectifs. Enfin, nous rejoignons le hameau des Borels, nous nous dirigeons vers la maison du berger où un guide nous attend afin de nous commenter et nous expliquer la vie et le métier de pastre.
Après nous avoir informés sur l’origine de la création de ce musée – la maison du berger – nous entamons la visite. Passionnant, enfant de la vallée, il ne tarit pas d’explication sur le métier de berger. Tout y est dit, expliqué avec passion : l’âpreté du métier, la vie en alpage, les relations très complexes parfois entre berger et éleveurs, le soin aux bêtes, le travail des chiens, les patous et ses relations avec le loup, le bipède randonneur ou pire les traileurs ou traileuses (dixit notre guide), la tonte, l’agnelage (production de la brebis). Nous découvrons que le métier de berger est avant tout une passion, un amour des animaux et de la montagne.
La visite terminée nous rejoignons l’auberge des Écrins pour nous y installer. Bel établissement, belles installations, confort correct, bon rapport qualité prix. Chaleureux accueil de la maîtresse des lieux qui reçoit avec plaisir le cadeau des CHAM, la célèbre liqueur verte de notre belle Chartreuse qu’elle partagera avec son équipe.
Pascal V
Jour 2 : jeudi 17 septembre 2020 => Refuge du Tourond et tour de Planure.
Le temps pour chacun de prendre son petit déjeuner, rassembler ses idées et son matériel, le groupe de 26 marcheurs rejoint le parking de l’auberge là ou partira la randonnée du jour : le refuge du Tourond. Et pour les plus courageux, une variante, le tour de Planure. Le Tourond est le nom du torrent que nous suivrons tout au long de notre journée.
Depuis le parking, nous passons le pont enjambant le Drac Blanc afin d‘emprunter sur notre droite le chemin en direction du refuge du Tourond et la vallée du même nom via un hameau : les Fermonds.
Nous suivons un sentier bien tracé, longeons une petite route puis traversons le hameau, les Fermonds, en respectant bien le chemin afin de ne pas empiéter sur les propriétés privées. A la sortie du hameau une belle chapelle rénovée borde le sentier. Régulièrement la pente s’élève, le chemin reste agréable avec très peu d’obstacles naturels. De jolis murs de pierres érigés ça et là nous rappellent la vie d’antan et l’utilisation régulière de ces passages. Nous longeons toujours le torrent tout en l’ entendant s’écouler et en l’apercevant de temps à autre. A 500 m du refuge une pause s’impose en fond de la vallée du Tourond. Autour de nous un cirque (pas Pinder, n’en déplaise à l’ami Bernard) se dresse fièrement devant nous. Nous devinons déjà la diversité des paysages, bois, prairies d’alpage et passages plus minéraux avec des sentiers en vire. C’est aussi un patchwork de roches, grès, schiste, calcaire, granit, quartz, les géologues amateurs du groupe se régalent. Une fois les organismes rechargés nous rejoignons tous le refuge du Tourond, fermé depuis une semaine. Une marmotte en pierre taillée dans une position zen, semble vouloir nous accueillir avec un message de sagesse : admire et ressource toi, la montagne est un univers de sagesse où l’homme y vit humblement. Au dessus de sa tète deux aigles en bois sculpté nous surveillent d’un regard perçant comme nous avisant que tout écart ne restera jamais invisible.
Au refuge,, le groupe se sépare en deux. Le premier restant sur place se rend à la cascade de « la Pisse » et revient après une petite heure de marche au refuge pour sa pause du midi.
Le second groupe emprunte le sentier « Tour de planure ». Le sentier monte régulièrement, devient assez pentu par endroits, traverse dans sa première partie un bois de sapins, mélèzes et autres essences de feuillus nous faisant bénéficier de leurs ombres rafraîchissantes.
Sur un replat, à l’orée du bois, un panneau nous indique une source. Nous empruntons le sentier pour nous rendre au dessus de la cascade « la Pisse », sorte de promontoire sur la vallée du Tourond. Attention toutefois, chemin non balisé et un peu glissant. De là, nous apercevons le premier groupe, cheminant tel de minuscules fourmis, en contre bas.
Notre groupe reprend le sentier du tour de planure pour rejoindre un lieu de pique nique, ombragé, en bordure d’un torrent asséché, attendant placidement les pluies d’automne et la fin de l’hiver pour refaire jaillir dans un cycle perpétuel son bouillonnement de vie.
Après la pause nous reprenons le sentier, reprise facilitée par la sécheresse du torrent, pas besoin de passer à gué, mais Denis avait prévu les cordes … Prévoyance élémentaire !
Le sentier à découvert longe les monts et pics environnants. Par endroits, de petits passages en vire sans comparaison avec certains sangles de Chartreuse mais quand même un peu angoissant pour certains… Le groupe entame la descente avec en vue le refuge du Tourond. Un troupeau de brebis se présente en contre bas. Pas de problème avec les patous déjà redescendus. Seul, un chien placide faisant la sieste à l’ombre d’un rocher, nous observe. Rassuré il reprendra très vite son activité du moment.
Depuis le refuge, le sentier est bien tracé, nous rejoignons gentiment le parking du départ et l’auberge des écrins.
Après le repas, petite soirée musicale où Robert avec son accordéon, accompagné de la belle voix de Roger entonnent des classiques de la chanson françaises et divers chants régionaux. Moments de partage, de danses, de chants, de rires et sourires. Moments d’amitiés et d’empathies dont on ne se lasse jamais.
Pascal V
Jour 3 : vendredi 18 septembre 2020 => les lacs d’Orcières
Dernière sortie du séjour, en cette période de tour de France, aucun abandon à déplorer, les 26 marcheurs sont au départ. L’objectif du jour : faire le tour des lacs d’Orcières.
Petit parcours d’approche en voiture pour rejoindre la station de Skis d’Orcières Merlette, départ de la randonnée du jour.
Depuis le parking « le Queyrelet » (parking des dameuses), nous empruntons le chemin » Via Nouava » pour suivre la piste jusqu’au point de croisement « Forest des Estaris ». La pente s’accentue fortement. Le groupe s’étire sans jamais réellement se perdre de vue. Nous parcourons ainsi 2,5 km pour 300 m de dénivelé positif soit un pourcentage moyen de 12%, cela se mérite !
Nous quittons la piste sur notre gauche, pour rejoindre le premier lac du jour : Le lac Profond, altitude 2470m, zone de pêche pour les amateurs de truites Fario et, ou, Arc en ciel. Nous continuons en direction du lac Long tout proche, 2480m, tout autant paradis des pêcheurs. Ensuite nous nous dirigeons vers le lac des Sirènes. En chemin, nous croisons un berger faisant regrouper son troupeau par son chien, un border collie. Nous admirons le travail du chien sous le commandement des sifflets de son maître orientant les brebis vers la direction souhaitée par son berger. Là, une brebis récalcitrante se fait pincer le bas de la patte, elle rentre vite dans le droit chemin et rejoint ses comparses. Plus haut, un groupe de brebis un peu égarées à flan d’arête, se voient redirigées prudemment par le gardien canidé. Il veille naturellement à ne pas effrayer le groupe d’ovins et de risquer l’accident. Véritable ballet où, meneur et menées suivent instinctivement une chorégraphie dirigée par le berger pour le bien être et l’équilibre du troupeau. Après ce spectacle pastoral, nous rejoignons le lac des Sirènes à 2390m. Pas entendu leur chant, pas vu Ulysse non plus, serait-ce ce lac qui aurait inspiré Homère dans ses écrits de l’Iliade ou l’inverse ? Sur place nous laissons deux marcheurs qui attendront le retour du groupe pour la pause du midi. Nous continuons notre cheminement pour rejoindre le lac des Estaris, point culminant du jour, le Grand Lac des Estaris, altitude 2550m, classé réserve naturelle, est le plus grand lac du site. Il fait un peu frais, nous ressentons les effets de l’altitude. Juste le temps d’admirer le paysage, de photographier le site, de situer la direction et l’orientation de la vallée des Borels derrière les crêtes ou alors de blaguer sur l’oubli des chaussures d’une randonneuse à l’auberge des Ecrins et nous entamons la descente vers le lac des Sirènes afin d’y retrouver nos deux patients compagnons pour la pause du midi.
Nous nous alimentons et rechargeons nos organismes en admirant la beauté du site. Bien sûr quelques friandises sorties du sac égayent la fin de pause de leurs douces saveurs. Il est temps de repartir car cette dernière randonnée est synonyme de retour en Chartreuse, environ 3H de voiture. Direction les deux derniers lacs du jour. Tout d’abord les lacs Jumeaux, à 2500m, tiens nous descendons… Ensuite le lac Jujal à 2160m. En chemin des marmottes naturellement curieuses se laissent admirer et photographier. Nos pas nous dirigent sous le Queyrelet s’élevant à 2306m. Nous délaissons ce sommet et suivons le chemin pour retrouver la trace Via Nouava et rejoindre le parking de départ.
Pour clore cette belle randonnée et ces magnifiques journées, avant de regagner nos domiciles respectifs, nous nous arrêtons à une terrasse de café pour déguster ensemble le verre de l’amitié et trinquer à la santé de Denis à l’origine de ce superbe séjour.
Pascal V