Grand Replomb (2510m), épisode final pour la série Belledonne 2023, découverte d’un sommet méconnu et pourtant très visible depuis la vallée du Grésivaudan car faisant partie des sommets de premier rideau comme le grand Colon et Chamrousse. Il faut dire que son accès est assez compliqué malgré le fait qu’il soit ceinturé par le GR738, le refuge Jean Collet et le lac de Crop par le Col de la Mine de Fer.
Cette sortie est une boucle depuis son versant le plus sauvage à savoir depuis Pré Marcel et l’alpage d’Orionde et le habert des Jarlons
La montée suit le chemin vers le refuge Jean Collet (à savoir que la carte IGN n’est pas à jour de ce changement), chemin bien aménagé avec des parties maçonnées (!) et cheminant à travers de belles dalles de mousse d’un vert puissant.
Bifurcation vers le sentier qui rejoint le habert à travers une succession de vallon dans les contreforts du Replomb, on devine le col du Rafour que nous atteindrons via le Habert.
Arrivé au habert où nous découvrons des sacs à dos et un poêlon à fondue qui semble avoir servi récemment. L’ensemble intérieur et extérieur est tout à fait correct avec même un barbecue à proximité ainsi qu’un poêle à bûche en parfait état de marche (quelques bûches disponibles mais évidemment à amener depuis le bas), par contre pas de matelas à l’étage.
Confirmation avec les 2 jeunes de retour de leur promenade matinale.
S’ensuit la montée pleine pente en direction de la brèche qui fait l’identité du Replomb, via le sommet d’Orionde. Par une diagonale Nord-Sud, nous le traversons, pas le moment de s’arrêter trop longtemps dans le coin, ça reste impressionnant. Une vire de sortie nous donne accès à un replat intermédiaire (où le soleil nous accueille généreusement) avec ses 2 petits lacs bien gelés, pas d’animaux comme espéré (précédente expérience).
Rapidement nous débouchons sur l’arête finale via une diagonale rocheuse qui a méritée une vigilance particulière car quelque peu gelée.
L’arrivé sur l’arête a été l’occasion de découvrir toute le deuxième rideau des sommets de Belledonne (Rocher de l’Homme, Colomb, les 3 officiers et la Grand lance de Domène entre autres) tous couronnés d’une pellicule blanche, magnifique vue sous un soleil qui nous réchauffe après cette montée gelée.
La suite est un parcours d’arête donc par définition magnifique, le regard se pose très loin mais toujours avec attention…
Au sommet, découverte de la brèche et du lac de Crop, bien plus bas sous nos pieds.
Le panorama se complète à 360° avec la Chartreuse sous les nuages, les Bauges et le Vercors à l’ouest. Côté Est, nous découvrons le Roc de la mine de Fer (qui surplombe évidemment le col homonyme !) et les sommets bien nommés Ferrouillet (Nord, Centrale et Sud) … le fer rouillé pour ceux qui n’ont pas compris.
NB1: Ce col est parsemé des traces d’anciennes mines destinées à l’extraction du fer et qui rappelle le temps où les mineurs arpentaient les flancs de ce vallon…
Le soleil se voile et la température s’en ressent, nous mangeons rapidement et commençons une descente un peu raide par le passage de Jas Mouton où nous aurons enfin l’occasion de croiser un troupeau de bouquetins.
NB2: Le mot « Jas » de la montagne de Jas et donc de ce passage semble venir d’un mot provençal, issu du bas latin *jacium, proprement « lieu où l’on gît, où l’on est couché ». Dans les Alpes et le Midi de la France, désigne un abri couvert pour les troupeaux de chèvres et de moutons.
Probablement même pour la cime de la Jasse.
Nous arrivons rapidement au-dessus du refuge Jean Collet perché sur son promontoire avec vue imprenable sur toute la vallée et Grenoble.
NB3: Il faut savoir que le premier refuge Jean Collet fut construit en 1910. Mais en 1926, suite à un cyclone d’une rare violence, la petite bâtisse fut totalement détruite. Il fut alors reconstruit deux ans plus tard, en 1928, plus solidement avec une ossature métallique étudiée par les établissements Bouchailler et Viallet de Grenoble. Solidement ancré sur son éperon rocheux, il fut ensuite agrandi en 1967 et entièrement rénové et reconfiguré en 1987 pour faciliter le gardiennage. Le refuge, qui est aujourd’hui centenaire est propriété de la S.T.D, la Société des Touristes du Dauphiné, club de montagne de 250 adhérents, dont Jean Collet, universitaire, entré à la S.T.D en 1878, fut le président et y restera jusqu’à sa mort en 1920. La S.T.D possède également cinq autres refuges. En 2010, le refuge jean Collet a fêté ses 100 ans.
La suite n’est que descente vers le Pré Marcel sur un sentier en balcon à travers les escarpements câblés sous le refuge (qui démontrent s’il le faut que le refuge n’est pas accessible en hiver en tout cas par ce chemin) et une option de rentrée différente pour répondre à la question « qu’est devenu l’ancien sentier Jean Collet indiqué sur IGN ? » …
A l’habitude, nous aurons la chance de trouver la taverne du Col des Mouilles ouverte pour une dernière boisson rafraîchissante (sauf pour une gourmande qui a craqué pour un chocolat Viennois 😉
Christian B